Seita Carquefou : jusqu’au bout pour l’emploi et la dignité !

An employee stands outside the Imperial Tobacco-Seita cigarette plant in Carquefou, near NantesL’annonce à la mi-avril de la fermeture de l’usine de Carquefou, première usine française de cigarettes, a fait l’effet d’une bombe pour les 327 salariéEs du site (voir nos précédents articles sur la Seita)…

L’usine est rentable, le groupe Imperial Tobacco fait des bénéfices, et c’est bien pour continuer d’augmenter ses profits sur ses marques les plus rentables et sur les marchés en croissance que le groupe a lancé un plan d’économies de 385 millions d’euros d’ici à 2018. L’usine de Carquefou n’est pas la seule à faire les frais de cette politique criminelle : le fabricant britannique ferme le centre de recherche et développement de Bergerac (30 salariés) ainsi que le le site de production de Nottingham en Angleterre (600 salariés).

Les dégâts humains sont considérables. Parmi ces salariéEs viréEs, plusieurs dizaines d’entre eux sont arrivés à Carquefou après des fermetures d’usine Seita à Strasbourg, Lille et Metz. Au carnage social des licenciements, s’ajoutent les pratiques ignobles de la direction qui multiplie les pressions et les humiliations contre les ouvrierEs (fouilles, présence d’huissiers dans les ateliers…) à tel point qu’actuellement, une centaine d’entre eux sont en arrêt maladie. Sans compter l’opacité du groupe quant au plan de restructuration à venir et une fin de non recevoir sur l’ensemble des revendications.

Blocage du site… et de cinq dirigeants

C’est ce qui a poussé le mouvement à se radicaliser en organisant la retenue de cinq dirigeants du site. Une action volontairement pacifiste, pour leur dignité, qui tranche avec les méthodes de la direction. Une action pour exiger le paiement à 100 % des jours de grève, un paiement refusé par la multinationale qui ne veut payer plus de 50 % des heures de débrayage et qui exige de faire remonter la production à 50 % de ce qu’elle était avant l’annonce de la fermeture…

C’est une ordonnance du procureur de la République, assortie d’une intervention imminente des CRS, qui a contraint les salariéEs à reculer mais ils restent décidés à ne rien lâcher et compte sur cette temporisation forcée pour organiser le mouvement.

Dimanche 1er juin, ils étaient environ 200 réunis en assemblée générale pour décider des actions à venir. En priorité, ils doivent protéger leur « trésor de guerre » pour peser dans la balance : près de 7 500 cartons de cigarettes d’une valeur de 12 millions d’euros dont il revendique la propriété. La grève et le blocage du site continuent pour qu’aucun camion ne puisse entrer ou sortir. Une marche pour l’emploi est prévue pour le lundi 9 juin.

Sandra Cormier

article paru dans notre Hebdo L’Anticapitaliste – 245 (03/06/2014)