Ce fut la plus grande mobilisation du mouvement. Préparée à la ZAD, dans les multiples comités de Bretagne et de toute la France, dans les fermes des paysans de la Confédération paysanne et du Copain (association paysanne de la région), annoncée par des centaines de panneaux dans les champs et les marais, par des occupations de ponts, le succès a été au rendez-vous.
TouTEs présentEs contre ce projet dont le seul but est de satisfaire les appétits de la multinationales Vinci.
Comme lors des batailles précédentes, les militantEs du NPA et leurs porte-parole, Christine Poupin et Philippe Poutou, étaient là, ainsi qu’une partie du Front de gauche.
Les gavottes tournaient, inspirées de celle initiée à Lannion pour les sans-papiers, remises à jour pour Vinci et l’Ayraultport. Les pancartes, décorations, masques et chars sur les tracteurs et remorques, ont animé un défilé festif, créatif et déterminé. Salamandres, tritons géants, et animaux marquent le refus de la destruction des espèces protégées et des mesures dites de compensation. L’ambiance est détendue, rythmée par les batucadas – percussions – ou les clowns activistes.
La provocation du préfet
La veille de la manifestation, le préfet de région a pris un arrêté interdisant une partie de la ville à la manifestation, dont, pour la première fois, l’interdiction d’emprunter le Cours-des-50-Otages. Il choisissait ainsi de mettre Nantes en état de siège, amenant des renforts de flics de toute la France.
La vision d’une ville surréaliste aurait dit Breton : d’un côté le défilé festif en famille, et de l’autre des scènes de guérilla… Ainsi, à partir de 15 h, des affrontements entraînant des explosions (flash-ball, grenades lacrymogènes et autres grenades offensives), des incendies… alors que la masse des manifestants défilait dans la bonne humeur pour rejoindre la place de la Petite-Hollande (ça ne s’invente pas !) autour des 520 tracteurs pour profiter des prises de parole, des chants et animations théâtrales.
Mireille a paré son manteau de feuilles et fleurs diverses : « Je suis un bosquet vivant pour rendre hommage au bocage »… À quelques mètres des violences urbaines, la danse collective de ces hommes et femmes déguisés en arbustes a forcément quelque chose de surréaliste… La manif est coupée en deux. La provocation policière durera jusqu’à la dispersion en début de soirée.
Le gouvernement n’a pas le choix
Quel sens donner à ce déchaînement policier, si ce n’est celui du mépris de ce pouvoir, n’écoutant que Vinci et le Medef, et la peur de Valls et Ayrault ?
Emboîtant le pas au Premier ministre, le préfet de Loire-Atlantique affirme sans sourciller : « l’opposition institutionnelle à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (…) est la vitrine légale d’un mouvement armé », affichant sa haine de celles et ceux qui (lui) résistent.
La réaction des organisateurs de la manifestation a été exemplaire. Ils ont refusé de céder aux injonctions d’un gouvernement qui cherche à diviser le mouvement après avoir délibérément provoqué les affrontements. Avec la justesse et la solidarité qui fait leur force, ils lui ont répondu : « Les différentes composantes de la lutte restent unies sur le terrain. L’opposition ne fait que croître depuis 30 ans ». Et nous ajoutons avec eux : « Le gouvernement n’a pas d’autre choix que d’abandonner le projet d’aéroport ! »
Plus que jamais, le mouvement continue uni et solidaire jusqu’à l’abandon total du projet. Mais contre la hargne du pouvoir, il aura besoin de tout le soutien, de toute la détermination de celles et ceux qui partout s’opposent au gouvernement, à Vinci et à leur monde.
Prochain rendez-vous, international celui-là : le 4e forum des Grands Projets inutiles et imposés se tiendra du 8 au 11 mai 2014 à Rosia Montana (Roumanie – contact.forum.gpii@free.fr). Il sera préparé par la coordination anti-aéroports qui se tiendra le 28 février à Nantes.
CorrespondantEs
Notre presse: Hebdo L’Anticapitaliste – 231 (27/02/2014)