Samedi 9 janvier à Nantes, ce sont toutes les composantes du mouvement d’opposition à l’aéroport qui appelaient à manifester sur le périphérique de Nantes, notamment sur le pont de Cheviré qui par son importance pour franchir la Loire est emblématique dans la région.
Une version courte de cet article est parue dans L'Anticapitaliste, l'hebdomadaire du NPA
Initialement prévue le 16 janvier, cette manifestation a été avancée d’une semaine à la suite de la relance par Vinci, de la procédure d’expulsion à l’encontre de 4 exploitants agricoles et de 11 familles habitants « historiques » de la Zad, avec menace d’une astreinte de 200 à 1000 euros par jour par personne, saisie du cheptel et mise sous séquestre des biens, le procès devant avoir lieu mercredi 13 janvier.
Une mobilisation inespérée
Partis de Notre-Dame-des-Landes et de tout le pays environnant (Rennes, Saint-Brieuc, Quimper, Lorient, Angers, Le Mans, Angoulème et même Paris) regroupés à 11H30 à quatre entrées différentes du périphérique, nous étions environ 450 tracteurs, plusieurs centaines de cyclistes et plus de 20000 personnes dans une ambiance à la fois combative et très festive !
Avec comme principal mot d’ordre : PAS D’EXPULSION à NDL, le pivot de la mobilisation a encore été COPAIN (organisation des paysans en soutien aux paysans et occupants de la Zad) venus de toute la région aider leurs collègues de NDL contre les sanctions et la perte de leurs terres.
Ce sont des paysans qui pratiquent souvent une agriculture différente, à taille humaine, respectueuse de la nature, qui voient leur nombre diminuer d’années en années et pour lesquels la solidarité paysanne n’est pas un vain mot.
Les « nouveaux » occupant-es de la ZAD se sont très investi-es dans la préparation avec toute la coordination, l’Acipa et les associatiosn, partis et syndicats. Scellant l’unité mise en oeuvre à la tracto-vélo entre NDL et Versaille du 21 au 28 novembre. Avec l’engagement de tou-tes à respecter les décisions collectives et à ne faire aucune action qui ne soit assumable par toutes les composantes. C’est cette forme d’auto-organisation qui avait assuré le succès en novembre. A 400 personnes. A plusieurs milliers la réussite n’était pas garantie. Elle le fut pourtant.
Les vélos, ce sont aussi les jeunes de la Zad dont c’est le moyen de transport privilégié et plus largement la solidarité de tous ceux qui veulent arrêter ce projet fou et inutile.
Les manifestants à pied avaient rendez-vous à une demie heure de marche du banquet organisé au pied du pont de Cheviré.
Ce sont donc toutes ces composantes qui se sont retrouvées là pour un pique-nique joyeux tout en écoutant les prises de parole des différents organisateurs (extrait) :
« Notre résistance est fertile car elle puise sa créativité dans nos différences. Nous devenons l’écho d’un peuple bigarré qui s’unit face à l’absurdité de ce monde(…) Nous nous préparons à faire face à toute éventualité ! »
Quant aux militant-e-s du NPA, renforcés par des camarades venus des villes voisines, nous avons formé un cortège dynamique, combatif avec nos propres slogans.
L’appel à Hollande
Lorsque l’heure prévue de la dissolution est arrivée, coup de théâtre : « on reste ! » ont déclaré les paysans du Copain, aussitôt appuyés par 90 tracteurs, les jeunes de la Zad, des manifestants, en tout environ 500 personnes. L’objectif était de tenir jusqu’au jour du procès le mercredi suivant, en s’adressant directement au président de la République pour lui demander d’honorer sa promesse de ne pas expulser avant la fin de tous les recours.
Et tout était prévu pour tenir : chapiteaux montés en un tournemain, roundballers de paille déroulés pour y dormir, braseros, soupe chaude servie à tous, sandwichs et même pizza au kilomètre dans un four amené jusque-là : une organisation perlée qui doit beaucoup aux jeunes de la Zad – qui décidément sont bien loin de l’image d’irresponsables violents qu’on veut leur faire endosser.
La réponse policière
La police n’a pas tardé à se montrer en force avec les boucliers, une lance à eau, une plateforme avec grue permettant de déplacer et risquent aussi d’endommager les tracteurs.
Les paysans du Copain qui avaient assumé la responsabilité de cette action ont décidé d’éviter les affrontements qui pouvaient entamer l’unité du mouvement comme cela avait été le cas après la manifestation du 22 février 2014 à Nantes. Ils ont donc annoncé leur retrait aux flics en demandant une heure pour remballer. Finalement ceux-ci n’accordent que dix minutes et commencent à tirer des lacrymogènes alors que les manifestants commençaient à partir.
C’est en bon ordre que ça s’est fait, les tracteurs encadrant ou embarquant dans leurs remorques les manifestants à pied dans un dernier acte de solidarité bien à l’image de cette journée.
Les actions se poursuivent jusqu’au tribunal de mercredi.
Photos de Damalo