L’association Sortir du Nucléaire du Pays Nantais s’adresse aux candidat-e-s aux législatives. Pour les candidat-e-s du NPA, la réponse est évidente : oui, il faut sortir du nucléaire, et vite !
Réponses de Sandra Cormier et Marc Bonnefis
candidatEs du NPA aux élections législatives 2017 à Nantes (2e circonscription)
Cher-e-s ami-e-s,
C’est avec plaisir que nous avons reçu votre « adresse aux candidat-e-s aux élections législatives » (lire ci-contre). Nous en partageons entièrement les arguments, pour une sortie aussi rapide que possible du nucléaire, qu’il soit civil ou militaire.
Vous trouverez en pièce jointe le scénario de sortie du nucléaire en 10 ans élaboré par les militantEs du NPA.
Permettez-nous d’ajouter deux remarques sur la démocratie et l’emploi, en plus des réponses à vos questions :
Sur la démocratie réelle : pour nous, candidat-e-s à l’Assemblée, la solution ne viendra pas du Parlement, et la sortie du nucléaire ne pourra se faire que si la population l’impose !
Et la population de Loire-Atlantique et de l’ensemble de la Bretagne est bien placée savoir que les mobilisations sont efficaces : car ce sont bien nos mobilisations victorieuses qui ont empêché l’État de construire des centrales nucléaires à Plogoff, au Pellerin et au Carnet.
Plus qu’une succession de victoires, c’est une tradition de luttes victorieuses qui s’est forgée dans toute la Bretagne, l’alliance de toute une population, ouvrière et paysanne, une population consciente de la force du nombre et sûre de sa détermination. Dans chacune de ces luttes, la population a imposé ses choix face à l’État et au patronat, toujours avide de grands travaux d’État.
Ce sont ces victoires qui alimentent encore les mobilisations dans la lutte contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Et ce sont ces victoires, avec celle contre la base militaire du Larzac, qui nourrissent encore la lutte des habitantEs de la Meuse contre le site d’enfouissement de Bure.
Nous, candidat-e-s du NPA aux élections, voulons dire ceci : la solution ne viendra pas des élus, mêmes convaincus. Combien d’élus, pourtant convaincus, ont trahi le mandat que leur avait donné la population face au nucléaire ? La solution viendra de la population et de ses mobilisations ; les élus ne pourront en être que les relais. C’est ainsi que nous gagnerons contre les lobbies du nucléaire.
Sur l’emploi et les salarié-e-s du nucléaires : nous voulons sortir du nucléaire pour préserver l’environnement et la population en général, mais nous le voulons avant tout pour les travailleurs du nucléaire.
Ils et elles sont en effet les premiers concernés par les dangers du nucléaire. Les travailleurs permanents des installations principales (centrales et unité de traitement des déchets) sont parfaitement conscients des dangers – pour eux-mêmes et pour la population.
Mais qu’en est-il des milliers d’intérimaires ou des travailleurs des entreprises sous-traitantes ? Les travailleurs qui utilisent ou travaillent à proximité de petites installations nucléaires – pour faire des mesures dans l’industrie métallurgique, pour les examens de santé sont-ils aussi bien protégés ? Nous en doutons.
Aucun débat démocratique digne de ce nom ne peut avoir lieu sans eux, sans leur expertise et leurs avis. Au-delà de leur santé, ce sont leurs emplois qui pourraient être menacés par une sortie du nucléaire – c’est la raison pour laquelle beaucoup résistent à cette idée.
C’est pourquoi nous affirmons que la sortie du nucléaire ne devra laisser personne sur le carreau : chaque travailleur du nucléaire devra retrouver un emploi ! Et pour que cela ne reste pas une vague promesse de « reconversion », nous voulons qu’un grand service public de l’énergie prenne le monopole de la production en France. Avec le nucléaire, la situation de l’emploi peut se résumer par une baisse des coûts et une explosion de la précarité et de la sous-traitance. La déréglementation du marché de l’électricité a pour conséquence une mise en concurrence féroce des entreprises de ce secteur et une course aux gains de productivité. Pour la réduction des coûts, une des principales « variables d’ajustement » est évidemment la diminution des effectifs et la baisse des salaires.
Nous voulons un véritable monopole public de l’énergie, débarrassé de l’énergie nucléaire, cogéré par les salariés et les usagers.
Et commencer par :
- une mise sous contrôle total d’Areva par ses salarié-e-s et ses usager-e-s ;
- un programme de formation pour intégrer les salariés qui le souhaitent dans la production d’énergies renouvelables ;
- des embauches massives dans ces énergies. Le passage aux énergies renouvelables pourrait permettre la création du 700 000 emplois, nous serons bien au delà des 125 000 emplois actuels de la filière électronucléaire.
Ceci vaut bien évidemment pour les travailleurs du nucléaire militaire.
QUESTION : Estimez-vous que l’avenir de l’industrie nucléaire et de sa production de déchets radioactifs (1 320 000 m3 officiels en 2010 en France), ainsi que leur gestion, doivent être soumis au débat démocratique ?
Oui. Et dans ce débat qui engage les générations futures et l’avenir de l’humanité, le NPA s’est toujours prononcé pour l’arrêt du nucléaire, civil et militaire. En tant que candidatEs, nous défendrons donc aussi cette position.
D’abord bien entendu pour stopper la production exponentielle de déchets d’origine nucléaire (déchets technologiques, déchets issus des combustibles nucléaires et production d’armes), qui pose d’ores et déjà et sur de très longs termes de graves problèmes d’exposition et de contamination radiologique pour l’homme et l’environnement, non résolus à ce jour.
Ensuite et surtout pour éviter une nouvelle catastrophe nucléaire. Car avec ses 58 réacteurs électronucléaires en service et ses dizaines d’installations civiles et militaires (126 installations nucléaires de base et 19 « installations nucléaires de base » secrètes) réparties sur tout le territoire, sans compter les réacteurs de propulsion nucléaire embarqués (sous marins et porte-avions), la France est le pays le plus intensément exposé au risque nucléaire.
Le débat vaut aussi pour les 19 000 convois radioactifs (maritime, routier et ferroviaire) qui sillonnent la France chaque année et actuellement soumis au secret-défense.
Concernant les déchets nucléaires, vous citez dans votre adresse le projet d’enfouissement de Bure en exemple. A juste titre, car c’est une catastrophe annoncée. Mais nous tenons à évoquer deux exemples beaucoup plus proches des populations de Loire-Atlantique : les sites des anciennes mines d’uranium de Piriac et Gétigné.
Nous voulons donc retourner nous-mêmes aux autres candidat-e-s cette série de questions :
« D’ici au 30 mai, c’est dans la commune de Gétigné que vous, candidat-e-s aux élections, déposerez votre matériel électoral pour qu’il soit acheminé dans les boîtes à lettre et dans les bureaux de vote.
Mais combien d’entre vous, candidat-e-s, savent qu’à Gétigné se trouvait une mine d’uranium, exploitée jusqu’en 1984 ?
Combien d’entre vous savent que cette zone d’exploitation de l’uranium s’étendait de Gorges (44) jusqu’au Maine-et-Loire-Loire et en Deux-Sèvres ?
Combien d’entre vous savent que les cailloux radioactifs de ces mines servent aux remblais, de même que dans la Presqu’Ile guérandaise, à Piriac-sur-Mer, Guérande, La Turballe et Saint-Molf ?
Aujourd’hui les populations posent des questions sur la radioactivité, car il y en a bel et bien officiellement, et sur les émissions de radon de ces « stériles miniers » bien mal nommés. A la demande de l’État, des mesures sont effectuées par Areva. Le site du Parc-du-Guibel, à Piriac a été nettoyé en 2010, mais combien d’autres devraient l’être ?
C’est à la demande des populations et de leurs associations que l’alerte a été donnée. Et croyez-vous que Areva, quasiment en faillite, fera des mesures de radioactivité sincères et nettoiera ?
Croyez-vous que Édouard Philippe, ancien directeur de la Communication et des Affaires publiques d’Areva de 2007 à 2010, imposera de surveiller et nettoyer tous ces sites ? »
La réponse à ces deux dernières questions est évidemment non.
Nous voulons donc encourager les populations concernées dans leurs mobilisations, car ce sont bien les mobilisations, à Gétigné ou Piriac comme à Bure, qui imposeront à l’État d’éloigner autant que possible les dangers des déchets nucléaires, sans nous faire avaler de fausses solutions, sans balayer sous le tapis.
QUESTION : Suite au vote majoritaire de l’Onu (113 États), vous positionnerez-vous pour mettre en œuvre le désarmement nucléaire de la France ?
Oui. Nous ajoutons que le NPA s’est toujours prononcé pour le désarmement unilatéral, indépendamment des décisions prises dans les instances internationales, qui sont dominées par les grandes puissances impérialistes. Un désarmement unilatéral de la France serait un formidable encouragement pour les peuples de la planète à se mobiliser contre les armes nucléaires et contre toutes les guerres.
Cette position, que nous défendons auprès des électrices et électeurs, est d’autant plus d’actualité que Donald Trump vient de relancer la course aux armements et qu’Emmanuel Macron vient d’annoncer qu’il augmentera les crédits militaires pour la « modernisation » de l’arsenal nucléaire dans la continuité de la stratégie de dissuasion engagée depuis 60 ans par le général de Gaulle.
QUESTION : Pouvez-vous concevoir d’exonérer l’industrie nucléaire de sa responsabilité en cas d’accident lié à de telles défaillances ? Êtes-vous favorable à la mise en arrêt des réacteurs et installations nucléaires non conformes aux exigences de sécurité définies par l’arrêté du 12 déc. 2005 ?
La mise en service de l’EPR de Flamanville et la prolongation de la durée de vie des autres réacteurs de 40 à 60 ans (« grand carénage ») ne peuvent être autorisés par l’ASN si les équipements sous pression nucléaires ne satisfont pas à la réglementation. Or, suite aux anomalies constatées sur les générateurs de vapeurs de plusieurs centrales nucléaires et aux défauts de composition chimique constatés sur le fond et le couvercle de la cuve de l’EPR, il est apparu qu’ils ne respectaient pas en l’état les normes requises. Ceci remettait en cause de fait toute la filière nucléaire française.
Pour résoudre ce problème majeur, le gouvernement a choisi de dégrader le niveau de sécurité en autorisant les dérogations à la réglementation. Face à l’augmentation du risque, il a donc pris le parti du lobby nucléaire, contre la protection des travailleurs du nucléaire, de la population et de l’environnement.
Par conséquent, nous n’exonérons donc aucunement l’industrie nucléaire en cas d’accident lié à de telles défaillances. Ceci d’autant que, comme l’a révélé l’enquête en cours, AREVA, le fabricant des générateurs de vapeur et de la cuve de l’EPR, a falsifié des documents de contrôle pour rester dans les clous et EDF, l’exploitant des centrales, a fermé les yeux sur ces pratiques. Les multinationales qui interviennent dans la filière nucléaire ont profité pendant des décennies de cette chape de plomb pour faire leur beurre au mépris du risque nucléaire.
En tant que candidat-e-s, conformément au programme du NPA, nous nous prononçons pour l’arrêt sous 10 ans de toutes les installations nucléaires. Nous sommes donc bien entendu favorables à la mise en arrêt prioritaire et immédiate des réacteurs et installations nucléaires non conformes aux exigences de sécurité définies par l’arrêté du 12 décembre 2005.
QUESTION : Accepterez-vous que des milliards d’euros soient engloutis dans ces puits sans fond, qui interdisent une véritable transition énergétique ? Ou vous engagerez-vous pour que la France tourne la page du nucléaire civil et militaire ?
Comme le détaille notre scénario de sortie du nucléaire (lire ci-contre), le NPA propose d’autres alternatives au nucléaire, bien moins coûteuses en termes financiers et de risques pour la santé publique.
En cohérence avec les réponses précédentes, nous nous engageons donc pour que la page du nucléaire civil et militaire soit définitivement tournée dans notre pays et à agir pour atteindre cet objectif.
Sandra Cormier et Marc Bonnefis CandidatEs du NPA aux élections législatives 2017 à Nantes (2e circonscription)