Démission au PCF 44 : « Traiter les opposants de Notre-Dame-des-Landes d’opposants violents est insupportable »

Logo du PCF 44 - Front de GaucheYves Ardil, militant historique du PCF de Loire-Atlantique, a adressé une lettre ouverte de démission à Aymeric Seassau, après ses propos (en fin d’article) sur la manifestation du 22 février à Nantes: « Après les propos calomnieux de la direction fédérale de Loire-Atlantique sur le mouvement contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. » La position de la direction du PCF 44 (et de l’ensemble du PCF à sa suite) est également contestée par d’autres militant-e-s, dans le Sud-Loire, en Vendée et dans le Morbihan.

 Camarade,

Je constate avec tristesse que le parti, auquel j’adhère depuis 1977, s’éloigne de plus en plus des valeurs de parti de classe défendant prioritairement l’intérêt humain en combattant avec fermeté le grand capital. Je constate que tout va très bien pour les riches… quand des partis sensés les combattre s’arrangent pour leur ouvrir des boulevards de profits sans le moindre intérêt pour la population. Je constate que le milliardaire Warren Buffet a tout à fait raison quand il affirme « Tout va très bien pour les riches…..Nous n’avons jamais été aussi prospères. C’est une guerre des classes et c’est ma classe qui est en train de gagner»

J’étais, comme grand nombre de communistes, opposé au projet de Notre Dame des Landes et présent à cette manifestation. Depuis 40 ans que je suis sur Nantes, je n’ai jamais vu autant de forces de l’ordre dans les rues, et je n’ai jamais vu d’interdiction pour une manifestation de passer dans les rues principales.

Traiter les opposants de Notre Dame d’opposants violents est insupportable. Comment un responsable du PCF peut-il avoir une telle analyse complètement déconnectée de la réalité ? Comment un dirigeant du PCF peut-il minimiser l’ampleur de la mobilisation pacifique opposée au projet d’aéroport.

Cette minorité de casseurs, très éloignée du mouvement contre le transfert de l’aéroport « pour moi une cinquantaine en noir cagoulée très repérable par les forces de l’ordre appelée « Black block » a pu se livrer à ces violences, avec pour ma part, car l’ayant vécu, une certaine complicité des autorités. Cela a permis de discréditer le mouvement et a permis aussi aux forces de l’ordre de faire des manœuvres en réel dans les rues.

Je pense que l’ACIPA a tout fait raison de considérer que ces exactions sont indépendantes du mouvement et sont sous la seule responsabilité des autorités locales voir nationales.

Je ne pensais pas que des hauts dirigeants de mon parti puissent être aussi naïfs… Car je n’ose pas imaginer que se soit de la malhonnêteté de « camarades » – « Aussi, nous n’acceptons pas que les monuments et symboles de la résistance à Nantes puissent être foulés du pied comme nous avons pu le constater hier » Quels sont les monuments et symboles de la résistance à Nantes qui ont été foulés ?

A la manifestation, j’y étais, j’ai vu et j’ai vécu la même chose que cette personne qui témoigne (sur rue89)

Avant de porter des jugements, est-ce que tu étais là pour avancer « La gravité des événements interdit de se contenter d’évoquer une «minorité de casseurs » « Les événements d’hier étaient attendus, ils étaient prévisibles, ils auraient pu, ils auraient du être évités »

Comment peut-on encore défendre un tel projet quand plus de 56% de la population française est opposée à ce projet absurde, coûteux et, dans la période de crise que nous vivons, sans intérêt immédiat pour la population et le monde du travail. Pour notre département, le déplacement de l’aéroport aggravera le déséquilibre de diversité de l’emploi entre le nord et le sud du département.

Le sud Loire deviendra un dortoir et les salariés seront obligés de passer des heures dans les bouchons pour se rendre à leur travail. Il serait préférable d’investir sur le développement de l’aéroport existant et de rénover la ligne ferroviaire pour rendre l’aérogare et la gare de Nantes reliée.

Nous avons également besoin de mettre le périphérique à trois voies et hors d’inondations car c’est une galère pour l’ensemble de la population. Nous avons également besoin d’investir dans des équipements d’accueil pour nos ainés car le nombre de maisons de retraite dans l’agglomération est très insuffisant. Bref, la liste est longue pour développer notre région dans le respect de l’environnement et l’intérêt de la population, et non celle de grands groupes dont leur seul objectif est de faire du profit à bon marché.

Je ne comprends pas comment des responsables et élus du Parti puissent se faire avoir comme cela par les forces du grand capital. Cette alliance aveugle avec un parti (le PS) qui affirme son attachement au système capitaliste devient pour moi insupportable. Je ne peux plus rester dans un parti qui fait en permanence le grand écart sur des sujets aussi important que celui-ci, car ce sont des choix de société que nous avons condamné dans notre programme lors de l’élection présidentielle, « L’humain d’abord » – paragraphe 4 – « Produire autrement ».

Tu comprendras bien que je ne peux plus rester membre de la fédération du PCF de Loire Atlantique qui a choisi de faire alliance avec des partis politiques dont leur rapprochement avec le système dit « libéral », ne fait plus aucun doute.

Parce que les valeurs de la Fédération du PCF de Loire-Atlantique ne correspondent plus à celles auxquelles j’avais adhéré, je me retire et je te demande d’annuler mon adhésion et mon prélèvement de cotisation à compter de ce jour.

Je continuerai à défendre les valeurs que j’ai toujours soutenues et qui me sont miennes.

Nantes le 26/02/2014

Yves Ardil

Voici le communiqué d’Aymeric Seassau (publié sur son blog au lendemain de la manifestation) auquel Yves Ardil fait référence:

Des violences intolérables débordent la manifestation des opposants à l’Aéroport du Grand-Ouest!

Publié le 23 février 2014 par Aymeric Seassau

Les violences et dégradations nombreuses qui ont accompagné la manifestation des opposants à l’Aéroport du Grand Ouest sont intolérables.

Les communistes français ont de tout temps défendu les libertés démocratiques et combattu pour que le droit à la grève et à l’action syndicale soit inscrit au préambule de la constitution de 1946 issue du conseil national de la résistance.

Aussi, nous n’acceptons pas que les monuments et symboles de la résistance à Nantes puissent être foulés du pied comme nous avons pu le constater hier.

De la même manière que nous n’acceptons pas qu’une manifestation, quelle qu’elle soit, puisse servir de cadre à des dégradations ou destructions de locaux et d’infrastructures de services et entreprises publiques.

Nous ne nous livrons à aucun amalgame entre les personnes venues manifester librement leur opinion et les groupes d’opposants violents à l’Aéroport du Grand-Ouest dont les exactions sont nombreuses depuis plusieurs années.

La gravité des événements interdit de se contenter d’évoquer une «minorité de casseurs » venus de l’extérieur ou encore de dénoncer comme Manuel Valls une hypothétique « ultra gauche ». Quant on est de gauche, on ne s’attaque pas aux entreprises et services publics, on les protège, on les défend !

Les événements d’hier étaient attendus, ils étaient prévisibles, ils auraient pu, ils auraient du être évités.

Organiser une manifestation est une responsabilité. En indiquant après la manifestation « Il existe différentes manières de s’exprimer dans ce mouvement. Le gouvernement est sourd à la contestation anti-aéroport, il n’est pas étonnant qu’une certaine colère s’exprime. Que pourrait-il se passer en cas de nouvelle intervention sur la zad ? » l’ACIPA, principale organisation d’opposants se refuse à condamner les violences, tend à les justifier et les instrumentalise même en menaçant quant à toute avancée du projet. C’est inacceptable !

Nous demandons à toutes les organisations parties prenantes de la manifestation de condamner avec la plus grande fermeté les violences et de faire connaître les dispositions qu’elles comptent prendre pour garantir que de tels événements ne puissent pas se reproduire.

Dans l’attente, nous voulons exprimer toute notre solidarité avec les personnels des entreprises et services publics victimes des dégradations comme avec les personnels à l’oeuvre depuis hier soir pour rendre le plus rapidement leur centre ville aux nantaise et aux nantais et leurs transports publics aux usagers de l’agglomération.

Aymeric SEASSAU 

Secrétaire départemental du PCF

Chef de file des communistes à l’élection municipale de Nantes