La manifestation du 22 février à Nantes a été un véritable succès populaire : près de 40 000 personnes, venues de toute la France. La manipulation du gouvernement sur les « violences » a été à la hauteur : un véritable tsunami médiatique a tenté de casser l’image du mouvement.
Oubliés, donc, les agriculteurs, dont c’était la plus grosse manifestation depuis longtemps (520 tracteurs !) après le saccage de l’agroalimentaire en Bretagne et à l’approche du Salon de l’agriculture.
Les principaux médias ont montré en boucle les dégâts matériels. Un écran de fumée lacrymogène, dissipé par les témoignages, photos et vidéos. Les « 1000 black-blocks », on ne les voit pas. La manipulation de la police est soulignée par tous : blocage du centre-ville, provocations… un véritable piège tendu aux manifestant-e-s. Un tract du syndicat policier Alliance le confirme : les CRS ont reçu l’ordre de ne pas intervenir contre les dégradations matérielles.
La violence du gouvernement ce 22 février à Nantes était un choix, dans une ville où, depuis 1968, il est toujours interdit d’interdire : personne ne déclare de manifestation aux « autorités ».
Grenades assourdissantes, flash-balls… ont provoqué d’innombrables blessures chez les manifestants. Quentin, un jeune charpentier loin d’être un « casseur », reçoit un tir de flash-ball : il perdra son œil. Un autre manifestant, blessé au ventre, perdra sa rate. Combien valent ces blessures face aux dégâts matériels : une vitrine et une grue de Vinci détruits ?
Le gouvernement a tenté de discréditer tout le mouvement en assimilant les organisateurs à « la vitrine légale d’un mouvement armé ». Face à ces terroristes, la conclusion est logique : il faudrait évacuer la Zad au plus vite, dès le lendemain des municipales.
La réaction des opposant-e-s dès le soir de la manifestation a été de dénoncer la manipulation et d’avertir qu’ils ne laisseront pas expulser la Zad.
Jusqu’au bout de la honte
Tous derrière le gouvernement : c’est la position des principaux dirigeants politiques, de l’UMP au PCF, en passant par EELV !
Le secrétaire du PCF de Loire-Atlantique, colistier du PS aux municipales, sera solidaire du gouvernement jusqu’au bout de la honte, rejetant toute la responsabilité sur les organisateurs. La réponse ne se fera pas attendre : Yves Ardil, militant historique du PCF et dirigeant de la CGT locale, lui adresse une lettre ouverte de démission.
La violence comme système de gouvernement ?
Face à cette hypocrisie, les réactions des militant-e-s, celle du syndicat CGT de Nantes-Métropole rappellent les évidences : « Les tags seront effacés, les vitrines redressées, les locaux reconstruit… Le jeune, lui, ne retrouvera pas son œil. La veille de la manif, un homme s’est pendu. Il ne supportait plus les conditions de travail imposées. Qui en a parlé ?(…) Que fait le ministère de l’Intérieur pour protéger les plus faibles ? ». La violence n’est pas une question légale ou morale : c’est une question de légitimité.
En réalité, le gouvernement Hollande-Ayrault est aux abois. Face à une contestation grandissante du projet d’aéroport, il n’a rien à opposer : ni prétendue création d’emploi, ni mesurette écologique, pas même un brin de démocratie. Pour ne pas perdre cette bataille, pour ne pas risquer de se trouver contesté sur sa gauche, il n’a d’autre choix que de réprimer et de tenter de diviser. Nous saurons résister !
Correspondant-e-s NPA 44