A l’occasion de la réunion publique avec Philippe Poutou à Nantes le 29 mars 2017, notre camarade Sandra a expliqué pourquoi le NPA est partie prenante de la lutte contre l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, et comment ce combat s’inscrit dans la nécessité de mettre à bas le capitalisme. Voici la transcription de son intervention.
Cette campagne est une occasion de plus pour nous de porter les luttes contre les Grands Projets inutiles et imposés et plus particulièrement un des symboles de ces GPII : la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Car s’il y a bien une bataille politique qui a particulièrement marqué le quinquennat Hollande, épuisé plusieurs Premiers ministres, c’est bien celle de Notre-Dame-des-Landes !
Et même si c’est pas complètement fini, si c’est pas complètement gagné (puisque ça ne le sera que lorsque le gouvernement aura officiellement enterré le projet avec la garantie qu’il n’y a aura aucune expulsion) , cette lutte est de toute façon déjà une victoire… Oui une victoire, parce que cette mobilisation de masse, a fait reculer non seulement le gouvernement mais aussi l’État et le patronat, parfaitement unis d’ailleurs dans cette affaire.
C’est d’autant plus important dans une période ou notre camp social vit une période de reflux. Pas de reflux des luttes, car il y a des mobilisations dans de nombreux secteurs, mais de reflux des luttes victorieuses : nous avons encaissé une série de défaites qui vont peser (retraites, loi travail…) C’est important de le souligner car nous avons besoin de mobilisations qui nous donnent ou nous redonnent la pêche, et c’est le cas avec Notre-Dame-des-Landes !
Sans oublier que cette victoire qui s’annonce est aussi la victoire des convergences, entre de multiples forces, qu’ils s’agisse des paysans de la Zad, des nouveaux habitant-e-s et occupant-e-s, des syndicalistes, des paysans du Copain, des partis institutionnels, du mouvement autonome et de centaines de comités de soutien.
C’est aussi la victoire d’un mouvement qui par sa dimension exemplaire a été et est encore un catalyseur pour les autres luttes, et notamment celles concernant les autres GPII (la pubelle nucléaire de Bure, le barrage de Sivens, le Center Parc de Roybon)… Un mouvement qui essaime et qui a permis aussi de donner un écho aux luttes sur un plan international (contre les mines d’Olympiada et de Cajamarca en Grèce et au Pérou).
« Combattre les GPII, c’est combattre le capitalisme »
Et pour nous au NPA, combattre ces GPII c’est vraiment combattre le capitalisme. Ce n’est pas un supplément d’âme, cela s’inscrit complètement dans notre perspective « écosocialiste » c’est à dire pour un socialisme non productiviste.
Le monde capitaliste regorge de ces grands projets inutiles imposés aux populations et aux territoires. On retrouve à Notre-Dame-des-Landes comme dans tout les GPII l’ensemble des logiques capitalistes a l’œuvre.
Tous ces projets ont en commun plusieurs choses.
Ils sont inutiles socialement dans la mesure où il ne répondent pas aux besoins du plus grand nombre mais a ceux d’une minorité.
Ce sont également – et il faut peser les mots – des armes de destructions massives contre l’environnement : on est en plein dans la logique productiviste (artificialisation des sols, pollution des nappes phréatiques, des fleuves, avec toutes les conséquences en terme d’alimentation et de dégâts sur la santé.
Ces projets ruineux, dévoreurs d’argent public, sont donc évidement très juteux financièrement pour les grands groupes capitalistes. C’est l’esprit du montage financier avec Vinci sous forme de « partenariat public- privé » : le même type de « partenariat » qui a fait des milliers de morts dans les hôpitaux en Angleterre (ça ne s’est pas fait d’un coup, c’est la reprise des hôpitaux par le privé qui a dégradé l’offre de soin).
La réalité, c’est qu’à Notre-Dame-Des-Landes comme ailleurs, les grands groupes capitalistes vivent aux crochets des budgets publics et comptent sur l’État pour remplir leurs carnets de commandes et verser des dividendes à leurs actionnaires.
Et en faisant miroiter la création d’emplois, ces projets ne servent en réalité que les profits des bétonneurs et des spéculateurs.
Et tout cela dans le déni démocratique le plus total, sans aucun respect pour les populations qui habitent les territoires et qui en sont chassées ( on a un bel exemple de parodie démocratique, amarrée sur des mensonges d’État et des votes taillés sur mesure). Tous ces projets sont imposés par des décideurs qui n’hésitent pas à contourner leurs propres règles démocratiques et si besoin à recourir à la force contre les opposants.
« Il y a un phénomène inhérent au capitalisme qui sous-tend tous les GPII, c’est la logique de concurrence entre les territoires »
Et s’il y a vraiment un phénomène inhérent au capitalisme qui sous-tend tous ces projets, c’est bien la logique de concurrence entre les territoires.
Partout en Europe et dans l’ensemble des pays riches, c’est la logique de « l’hypermétropolisation » qui prime. Le projet d’aéroport s’inscrit complètement là-dedans : il voudrait faire de Nantes une métropole concurrentielle au niveau européen. Des métropoles régionales (Nantes, Toulouse…) devraient se transformer en vitrines du capitalisme, devenir des symboles de la mondialisation.
A Nantes, ce phénomène est particulièrement visible dans la mis en œuvre des réhabilitations qui chasse les populations pauvres vers les périphéries (quartiers République, Chantenay, le village de la Bernardière près de Bellevue, où les habitantEs sont chassés loin de chez… jusqu’à Notre-Dame-des-Landes !)
Tout cela est en fait bien résumé dans le slogan « Contre l’aéroport et son monde ».
Et Notre-Dame-Des-Landes est vraiment une lutte emblématique de l’affrontement entre deux choix de société, deux mondes : celui qui s’inscrit dans la concurrence mondialisée et celui qui répond aux besoins sociaux et environnementaux des populations. Il y a bien une incompatibilité totale entre ce projet et le monde que nous voulons.
« Le monde que nous voulons se dessine déjà dans cette lutte »
Et le monde que nous voulons, il se dessine déjà dans cette lutte : une véritable démocratie qui se construit, un autre rapport au travail et à la production ainsi qu’a la propriété, un autre rapport au temps – si précieux au capital.
Prendre leurs affaires en main, reprendre leur vie en main et décider, c’est justement ce que font les habitantes au sein la Zad. Soutenir cette lutte c’est donc pour nous aussi soutenir une expérience d’émancipation du capitalisme et des rapports marchands.
Il y a une formule qu’on répète souvent au NPA, c’est l’idée qu’il faut « prendre ses affaires en main ». Et dans cette campagne on n’a pas l’intention de faire croire autre chose, c’est à dire faire croire qu’une ou un sauveur suprême, qu’un homme ou une femme providentiel puisse régler tout nos nos problèmes, d’autant moins dans le cadre du capitalisme et de ses instituions.
Nous on défend l’idée que l’émancipation des travailleurs au sens large (chômeurs ou précaires) viendra d’eux-mêmes.
On sait tous que c’est pas encore gagné, car il est fort a parier que même si l’aéroport est abandonné l’État ne laissera pas perdurer une « zone d’autogestion définitive » qui montre dans la pratique qu’un « autre monde est possible ».
Et c’est bien pour cela que le gouvernement n’y va pas de main morte en matière de répression politique, policière et judiciaire et que Notre-Dame-Des-Landes a servi de laboratoire aux répressions sociales mises a l’œuvre aujourd’hui.
Quelque soit le scénario, il faudra de toutes façon continuer de se battre et de construire le rapport de force contre le prochain gouvernement, jusqu’à la victoire !