A Nantes, les éboueurs en grève pour leurs conditions de travail

Les éboueurs sont en grève reconductible à Nantes. Car six semaines d’action n’ont pas suffi à démontrer la duperie de Nantes-Métropole : sous prétexte de sécurité, elle veut supprimer du personnel et aggraver encore des conditions de travail désastreuses.

A Nantes comme dans beaucoup de villes, les « boueux », comme les appellent affectueusement la population, travaillent en « fini-parti ». Une organisation qui permet
d’accélérer la collecte en permettant aux éboueurs de terminer leur journée dès leur tournée. « Ces cadences et ces rythmes ont des impacts sur la santé des personnels que le départ avant l’heure permettait de compenser un peu » témoignent les syndicalistes de la CGT.

Les conditions de travail ont longtemps été insupportables dans le secteur des déchets : accidents mortels et TMS invalidantes sont monnaie courante, à tel point qu’une étude a démontré que les professionnels de cette branche ont « 17 ans d’espérance de vie en bonne santé de moins que les cadres et administratifs » et vivent cinq ans et demi moins longtemps.

La sécurité comme prétexte pour supprimer des postes

En 2008, une recommandation officielle tente d’y remédier : obligation de conteneurs roulants, interdiction des sacs au sol… et fin du « fini-parti ». C’est surtout cette dernière mesure d’allongement du travail que retient Nantes-Métropole. Après une première tentative repoussée par la grève en 2010, elle a annoncé sa fin pour le 1er octobre prochain…. Un prétexte pour supprimer des postes en allongeant le temps de travail, sans contrepartie pour la pénibilité.

Démonstration aussitôt faite par les éboueurs : ils ont décidé d’appliquer strictement les consignes de sécurité. Leur travail matinal et invisible est apparu au grand jour, les déchets ont aussitôt se sont entassés dans la ville. « Rappelons que 24 postes vont être supprimés. Nous effectuons nos tournées avec les nouvelles règles que souhaitent mettre en place la métropole. En 7 H de travail, nous n’arrivons pas à finir nos tournées ! Qu’en sera-t-il quand, en plus, on nous rajoutera des secteurs ? »

Face au mépris des élus PS et de leur direction, qui repoussent toute négociation sérieuse et commencent à sanctionner, les éboueurs ont déclenché la grève le 31 mars puis le blocage des dépôts de bennes. Une grève suivie à 80%, pour enfin se faire entendre, et titulariser les 30 vacataires embauchés en permanence.

A Nantes comme ailleurs, les élections ne sont pas finies, mais le premier tour social est déjà parti !

Bertrand Achel, Nantes, le 17 avril 2017