Témoignage d'un militant du NPA dans la lutte d'occupation des locaux de l'université de Nantes par les jeunes migrant.e.s.
Jeudi 23 novembre 2017.
Sous sol du grand bâtiment Censive, au fil de la journée, les activités s’organisent.
S’approprier la fac pour mieux lutter
Entrez dans le bâtiment, faites cette occupation un peu vôtre. Bâtiment occupé n’est pas fermé.
Des étudiants curieux viennent voir ce qui se passe à l’intérieur, rien qui ressemble à des barricades, une porte ouverte, des salles où l’on discute. On s’exerce, on se forme, on s’affirme.
Être solidaire avec les mineurs isolés, c’est être contre la sélection à la fac, on veut une fac pour tous, agréable et humaine, pas une bureaucratie qui nous divise entre bons et mauvais étudiants, entre enfants d’ici et du monde.
Dix heures, on assiste à une première réunion d’information pour résumer la nuit passée. On y discute de stratégie, avec les médias et la présidence de l’université. Une trentaine de personnes, en cercle dans la salle de cours réquisitionnée et nommée « Salle (de la) Commune », discutent de la situation, des perspectives. On se félicite des premières collectes : 30 kilos de pâtes, de la soupe, du riz, des conserves… On parle d’une centaine de kilos de légumes qui devraient arriver dans la journée. Les gens s’activent, militants et simples étudiants.
« C’est pour la bonne cause ! »
La table flanquée d’une affiche « Collecte Alimentaire » se remplit vite. Les étudiants qui passent prennent le temps de s’arrêter, curieux. Ils déposent des pâtes, demandent de quoi on a besoin, s’il y a des priorités, et promettent de revenir, chargés de condiments.
De retour à Censive, la petite ruche continue de s’activer. « On fait quoi des journalistes qui disent qu’il « n’y a pas eu de heurts » durant l’expulsion des Beaux-Arts ? ». Trois blessés du côté des militants et mineurs isolés, dont un toujours hospitalisé.
Finalement on accepte de leur reparler, à condition qu’ils changent leur article. Non, on ne peut pas faire les fines bouches avec la presse, mais on peut faire pression.
Devant l’entrée du navire Censive, les vigiles se relaient, gardent un oeil sur les allés et venues.
On annonce que les matelas arrivent, deux voitures pleines à craquer se garent, on installe les affaires dans les salles dortoirs.
Les premiers jeunes réfugiés, qui étaient parti du bâtiment le matin, arrivent. Série de poignées de mains amicales entre les jeunes hommes et les militants et étudiants, des échanges de sourires, des éclats de rire.
Tous s’installent à la table de la salle « cuisine » et on mange, ce midi un chili.
Entre deux activités on discute de la prochaine réunion avec la direction. « On bougera pas tant qu’on nous proposera pas une solution sérieuse ! ».
Ici on coupe des cheveux, là on cuisine, à coté on trie les vivres qui s’accumulent, et dans la Salle (de la) Commune on joue aux cartes.
Déjà les activités du week-end s’organisent, on va faire un foot, regarder des films, parler politique. Ce sont bien des gens qu’on s’occupe, et le pain ne suffit pas pour vivre.
Cette petite organisation, autonome et efficace, galvanise facilement. On se sent prit dans un petit quelque chose, c’est pas La Commune, mais tout de même, on se prend à y rêver…