Témoignage d'un militant du NPA dans la lutte d'occupation des locaux de l'université de Nantes par les jeunes migrant.e.s.
Lundi 27 novembre, 19h30 , Château du Tertre.
Le hall est plein, à l’extérieur les gens se pressent, s’agglutinent à la porte d’entrée. Une militante annonce qu’on doit rentrer dans le Château pour assister à la conférence. Les derniers étudiants et curieux finissent leur cigarette. À l’intérieur, une pétition fini de tourner, on discute, on s’empare du sujet et on s’indigne.
Des professeurs sur le côté, des migrants dans la salle, au milieu des étudiants, syndicalistes et militants divers.
Le comité autonome qui organise l’occupation est disposé en tribune devant la salle comble.
Les journalistes prennent leurs rush, font leurs tests micro, sortent leurs calepins.
La conférence commence, on fait un compte rendu du mouvement, on se félicite. Avec lucidité on souligne aussi que les actions sont limitées, mêmes si elles sont justes, elles ne suffisent pas.
Le nombre de personne à loger s’accroit
Les prises de paroles s’alternent, des militants et des jeunes migrants lisent leur papier.
La présidence de la fac oppose à l’occupation du Château des arguments de mauvaise foi.
« Le Château n’est pas aux normes. »
Voilà ce qui chagrine tant la présidence de l’université, que le château ne soit pas aux normes de sécurité, sachant que de nombreux locaux dans lesquels sont dispensés des cours ne sont pas au normes également…
« Et la rue, elle est aux normes ?! »
S’en suit un enchainement d’expressions de soutien des syndicats de professeurs et d’étudiants, et de partis politiques. Tout le monde s’accorde à cela, ce n’est pas suffisant, mais c’est juste, il faut le faire. Sud-Educ, l’UNEF, Solidaire Étudiants, La France Insoumise, SNESUP-FSU…
Alors que les syndicats déplorent l’inaction de l’État, un jeune migrant prend la parole pour une allocution finale. Dans son discours il retrace son parcours brièvement, et s’interroge sur les problèmes qu’il a rencontré avec ses compagnons d’infortune.
Il s’indigne, s’exclame :
« Nous sommes une grande famille ! »
« Un jour mes petites filles auront des enfants avec vos petits fils, c’est le métissage. »
La bataille qui se profile n’est pas d’ordre logistique, même s’il est important d’avoir les moyens matériels d’agir ; cette lutte qui prend un visage nouveau avec le changement de position de la présidence de l’université est d’ordre politique. La vraie bataille se fera avec les étudiants, les personnels de la fac, les professeurs : les sensibiliser, les intégrer, faire que l’occupation ne soit pas le fait d’une minorité militante, mais bien celui d’une majorité solidaire, qui s’active massivement.
La bataille logistique suivra si le mouvement s’élargit.
Pour faire pression sur la présidence, seul le nombre comptera, les discussions de cabinet montrent déjà leurs limites, dès que le collectif prend une voie que la présidence n’admet pas, le discours disparait et se profil alors un affrontement direct, chargé de menaces et d’injonctions.
La présidence de l’université qui avait montré une certaine clémence à l’égard du collectif d’étudiants et de jeunes réfugiés à ses débuts, a bien montré que lorsque les intérêts divergent, la stratégie à adopter change radicalement, et s’entame alors une lutte.