Les amiantés du Tripode mobilisés face au déni et au mépris de l’État

Les 27 et 28 février, les ancien-ne-s salarié-e-s du Tripode de Nantes se sont mobilisé-e-s avec leur intersyndicale pour faire reconnaître enfin le classement de cet immeuble en site amianté. Occupation réussie à Nantes puis déception à Paris, la mobilisation continue.

A Nantes, 1800 salarié-e-s de l’Insee, du Trésor Public , du Ministère des Affaires Étrangères et du restaurant Tripode ont été exposé-e-s intensément à l’amiante dans cet immeuble entre 1972 et 1993, avec des risques majeurs pour leur santé. En 1993 il a été évacué, il en a été retiré 350 tonnes d’amiante avant sa destruction en 2005.
Et pourtant, en 2017, ce site n’est toujours pas classé en site amianté !

Sans ce classement, les ancien-ne-s salarié-e-s, anxieux(ses) ou malades et les familles des salarié- e-s décédé-e-s ne peuvent pas faire valoir leurs droits et les dernier-es actifs(ves) ne peuvent accéder à la pré-retraite amiante.
Las-(ses) de réitérer leur demande à des administrations et des pouvoirs publics indifférents et devant la longueur inconcevable des procédures, ils et elles ont décidé de hausser le ton.

Après leur manifestation lundi 27, ils et elles ont été près de 250 à se retrouver et à débattre dans une salle de l’Insee…

Occupation des lieux, le directeur retenu

C’est ensemble qu’ils et elles ont décidé d’occuper les lieux toute la nuit puis mardi matin 28 de retenir le Directeur régional de l’Insee.

Leur détermination a fait bouger les choses puisqu’ils et elles ont obtenu une réunion à Matignon pour le lendemain avec les Fédérations Finances et le cabinet du Premier Ministre censé arbitrer sur la demande de classement de site. Malheureusement les dés étaient pipés, c’était pour apprendre qu’aucun financement n’avait été prévu dans la loi de finances. Il faut donc tout recommencer, créer un comité qui étudiera les conditions d’un changement de loi, blabla bla…

Et surtout, ne pas parler de la réalité humaine derrière ces procédures: « Pas de pathos« , s’est permis de déclarer le conseiller de cabinet de Monsieur Sapin à l’évocation des maladies et des décès des ancien-ne_s du Tripode !

Mais la mobilisation est loin d’être terminée. Elle s’est poursuivie le Jeudi 2 mars : devant la menace de l’amiante dans le bâtiment des Finances Publiques à Nantes, mettant en danger les agents des Finances-dont des ancien-ne-s du Tripode, tous et toutes se sont retrouvées pour exprimer à la Directrice leur refus d’être exposé-e-s , voire à nouveau exposé-e-s à l’amiante, et pour lui demander une nouvelle fois d’intervenir pour que le site du Tripode soit classé en site amianté.

Après des décennies de tergiversations sur l’empoisonnement à l’amiante, il est lamentable de voir un tel déni de l’État. Le mépris ça suffit !

Claudine Jégourel